Très clairement, le millésime 2024 ne peut pas non plus être décrit en quelques mots, car l'Italie est un pays viticole étonnamment varié ! Après une année viticole 2023 difficile, la récolte a évolué de manière positive. L'association des viticulteurs italiens Coldiretti annonce une hausse de 8% par rapport à l'année précédente – ce qui correspond à une récolte d'environ 42 millions d'hectolitres – avec ce résultat, l'Italie reprend sa position de leader et devient le plus grand producteur de vin au monde. Après une année à nouveau difficile, au cours de laquelle les viticulteurs ont dû faire face à des conditions climatiques exigeantes, c'est un premier bilan positif. Les conditions météorologiques parfois extrêmes forment de plus en plus les viticulteurs à les gérer et produisent surtout des vins prometteurs sur le plan qualitatif.

Comme nous l'avons remarqué au début, l'Italie ne peut pas être considérée comme un pays viticole homogène. En gros, le nord a dû faire face à de fortes pluies et à la grêle au printemps et au début de l'été, le sud à une forte sécheresse, l'Italie centrale a le plus profité des deux extrêmes cette année. Vous nous connaissez, nous n'aimons pas nous arrêter à la surface des choses et nous vous invitons donc à étudier quelques voix profondes et détaillées sur le millésime 2024.

Le nord est mouillé, le sud sec – un regard détaillé sur les régions.

Comme toujours, le magazine spécialisé MERUM a fourni le regard le plus détaillé sur le déroulement de l'année, dont nous ne voudrions pas vous priver des points essentiels : "L'année viticole italienne 2024 a offert un tableau contrasté. Contrairement à l'année précédente, c'est cette fois le nord qui a dû lutter contre les maladies fongiques en raison de pluies abondantes, tandis que dans le sud, on a pu récolter des raisins sains, mais malheureusement trop peu en raison de la sécheresse. La saison a été marquée, surtout au printemps, par des précipitations excessives dans le nord et le centre de l'Italie, qui ont certes permis de reconstituer les ressources en eau, mais qui ont également rendu la protection phytosanitaire plus difficile - en raison des sols détrempés. Dans le sud de l'Italie, en revanche, les orages sporadiques du mois d'août n'ont pas pu compenser le manque d'eau, mais ont seulement gêné les viticulteurs lors de la récolte. Alors que certaines régions du nord ont enregistré des baisses de production importantes, les régions du centre de l'Italie ont pu se rétablir nettement. Cela vaut également pour les régions continentales du sud, tandis que les îles ont enregistré une baisse des volumes de récolte en raison de la sécheresse.

Le nord-ouest de l'Italie

Avec dix pour cent de croissance, le Piémont est la seule région du nord à présenter des prévisions positives en termes de volume. La campagne viticole 2024 a souffert de conditions climatiques complexes, avec un temps plutôt pluvieux et frais. Parallèlement, les températures plus fraîches ont entraîné des teneurs en alcool légèrement inférieures à la normale. Dans le nord du Piémont, la saison a été marquée par une période de pluie intense de mars à juin, avec des dégâts de gel en avril et des problèmes de nouaison en juin, ainsi qu'une maturation plus tardive. Dans la partie sud du Piémont, l'année avait commencé par un débourrement précoce en raison des températures hivernales douces, mais dans les régions de Barolo, Asti et Alta Langa en particulier, une baisse des températures à la fin du mois d'avril a affecté la floraison et limité la nouaison.

Dans le Val d'Aoste, l'année viticole 2024 a débuté par de fortes précipitations de fin février à début juillet, accompagnées de températures inférieures à la moyenne. Cela a ralenti le développement des vignes de la floraison à la maturité. Les précipitations et les températures basses pendant la floraison ont entraîné une baisse de la production en raison de la coulure et des petits grains ainsi que de la forte présence de maladies fongiques. La récolte a commencé jusqu'à dix jours plus tard que l'année précédente.

La Lombardie a enregistré les pires prévisions de récolte de toutes les régions italiennes. Par rapport à 2023, la maturation des raisins a été retardée d'une semaine. Le temps froid et pluvieux jusqu'à la mi-juillet a favorisé l'apparition de la péronosporiose (mildiou), surtout dans les vignobles bio de la Franciacorta et pour la variété Croatina dans l'Oltrepò Pavese. En revanche, sur la rive lombarde du lac de Garde, malgré les problèmes de précipitations et de maladies, on s'attend à une forte augmentation de la production par rapport à 2023, ce qui profitera notamment au Lugana. Le mildiou a également moins frappé dans la Valtellina, où l'on s'attend globalement à une récolte de bonne qualité et en bonne quantité.

Les pertes sont plutôt faibles en Ligurie, où l'incertitude a régné au début en raison d'un printemps froid et pluvieux. Si la chaleur et l'humidité qui ont suivi ont permis de récolter des raisins sains, c'est grâce au microclimat typique de cette région située entre la montagne et la mer. Celui-ci a permis une aération constante et un séchage rapide des raisins.

Le nord-est de l'Italie

Dans la région alpine du Haut-Adige, on enregistre de légers reculs, tandis qu'en Vénétie et dans le Frioul, les volumes de récolte stagnent au niveau de l'année précédente. En raison d'un hiver plus chaud que la moyenne, les vignes ont bourgeonné dix jours plus tôt dans le Trentin et Haut-Adige, ce qui a exposé les vignobles de fond de vallée au risque de gelées tardives. Là où les raisins sont suspendus plus haut au-dessus du sol grâce à la culture en pergola, les dégâts ont toutefois été limités. Des dommages excessifs ont heureusement pu être évités. L'humidité et le risque de champignons ont été suivis par la chaleur et le stress hydrique à partir de juillet. Dans certaines régions, cela a entraîné une baisse de l'acidité des raisins. Parallèlement, les raisins sont restés un peu plus petits et donc plus concentrés, ce qui a d'une part réduit la quantité de la récolte, mais a d'autre part profité à la qualité. Pour de nombreux viticulteurs, le défi particulier de 2024 était que les cépages précoces et tardifs de différentes altitudes atteignaient la maturité de la récolte quasiment en même temps, ce qui compliquait la planification de la récolte et la logistique. "Ce sont surtout les mois frais et pluvieux du printemps et du début de l'été qui nous ont donné du fil à retordre", explique Andreas Kofler, président du Consortium des vins Haut-Adige, qui évoque surtout le risque accru de maladies de la vigne et du raisin dû aux conditions météorologiques. "Mais une fois de plus, le fait que nos exploitations viticoles soient des entreprises familiales à taille humaine s'est avéré payant, c'est-à-dire que beaucoup de temps, beaucoup de travail et tout le savoir-faire des viticulteurs peuvent être consacrés à chaque vigne".

En Vénétie aussi, les viticulteurs ont été mis à l'épreuve par des conditions climatiques difficiles. Des différences de température trop faibles entre le jour et la nuit pendant les "nuits tropicales" ont fait naître des craintes à Conegliano et Valdobbiadene quant à la teneur en acide nécessaire des raisins pour le Prosecco. Mais en septembre, le temps s'est rafraîchi et il a plu de temps en temps, si bien qu'un équilibre correct entre sucre et acidité s'est rétabli. En résumé, malgré les défis initiaux, les vendanges 2024 en Vénétie se sont avérées positives, avec une qualité de raisin généralement bonne et une quantité récoltée conforme à la moyenne historique.

Dans le Frioul, la période de végétation a d'abord été caractérisée par des températures froides, puis, en mai et juin, par de fortes précipitations qui ont en outre retardé la phase de floraison. A partir de juillet, les températures ont augmenté et les précipitations ont diminué, ce qui a ralenti le développement et prolongé la phase de maturation. Dans la région d'Émilie-Romagne, l'hiver le plus chaud depuis 1961 a entraîné un débourrement précoce, également favorisé par une bonne humidité du sol grâce aux précipitations abondantes de mars et avril. Une chute soudaine des températures à la fin du mois d'avril a toutefois ralenti la croissance, ce qui a entraîné par la suite des anomalies dans la maturation : ainsi, dans plusieurs régions, le sangiovese a commencé à changer de couleur avant le merlot et le sauvignon a mûri avant le chardonnay.

L'Italie centrale en hausse

La situation dans le centre de la péninsule est globalement plus homogène et se caractérise par des croissances à deux chiffres par rapport à la faible production de 2023. En Toscane, le débourrement a commencé en avril, les températures printanières douces ont réduit le risque de gel et ont permis une croissance rapide des plantes et une bonne fructification. Les pluies ont été fréquentes en mai et juin. À partir de la deuxième semaine de juillet, le climat a changé radicalement, avec une période de chaleur et de sécheresse intenses, ce qui a d'abord accéléré la croissance des raisins. Mais la maturation des raisins a ensuite été lente pendant tout le mois d'août. La région viticole de Bolgheri a été touchée par de graves inondations fin septembre, ce qui a entraîné de légères pertes.

L'Ombrie a également pu se rétablir par rapport à l'année précédente, avec des températures hivernales supérieures à la moyenne et un débourrement précoce. En mars et avril, les pluies ont reconstitué les réserves d'eau. Puis, en mai, une hausse soudaine des températures, accompagnée de pluies, a de nouveau assuré une croissance luxuriante. Heureusement, la saison s'est déroulée sans stress hydrique jusqu'à la mi-juillet, même si certaines régions d'Ombrie ont été touchées par des averses de grêle.

Dans les Marche, le printemps 2024 a d'abord été très chaud, mais un temps froid s'est à nouveau installé en mai. Les précipitations ont été inférieures à la moyenne au printemps et au début de l'été. Le mois de juillet a été particulièrement chaud et sec, avec seulement 15 millimètres de pluie. Par rapport à la moyenne des années précédentes, les raisins ont été mûris jusqu'à dix jours plus tôt, sauf pour les cépages tardifs comme la Passerina et le Montepulciano, pour lesquels le froid d'avril, puis le stress hydrique de l'été, ont entraîné des retards. Et dans le Latium, le temps printanier doux, associé à des réserves d'eau bien remplies dans les sols, a favorisé la croissance des vignes. L'absence de problèmes pathologiques notables a également contribué au retour à une récolte dans la moyenne des années précédentes.

Le Sud en voie de guérison

Après les dégâts catastrophiques causés par le peronospora l'année dernière, les Abruzzes ont à nouveau pu procéder à des vendanges à peu près normales. De début juin à fin juillet, les températures ont été supérieures à la moyenne et il n'y a pas eu de précipitations notables. Les vignes ont certes souffert du stress de la sécheresse, mais elles ont en revanche été épargnées par les maladies fongiques. La situation est quasiment identique dans la région voisine du Molise.

En Campanie, l'hiver a été doux et peu pluvieux, avec de brèves incursions d'air froid alternant avec de longues périodes de courants d'air chaud africains. Le temps sec et les températures élevées ont facilité le travail du sol et la protection phytosanitaire, mais le manque d'eau était préoccupant. L'état sanitaire des raisins était toutefois excellent et les précipitations de la fin de l'été ont permis d'améliorer encore les rendements et la qualité des raisins. Les variations considérables de température entre le jour et la nuit sont les signes avant-coureurs d'une qualité potentiellement excellente.

L'année viticole 2024 s'est déroulée de manière similaire en Basilicate. Un hiver doux sans les chutes de neige habituelles a été suivi d'un printemps sec et plus chaud que d'habitude, ce qui a entraîné un débourrement avancé d'une dizaine de jours. Ce n'est qu'en septembre que des températures plus basses et de bonnes différences de température entre le jour et la nuit ont assuré des conditions optimales et ont permis une maturation parfaite de l'Aglianico del Vulture.

Les Pouilles ont connu une croissance modérée du volume de récolte. L'année viticole 2024 s'est déroulée de manière plutôt favorable, tant dans le nord des Pouilles que dans le Salento. Dans le nord des Pouilles, la saison a commencé une dizaine de jours plus tôt grâce aux températures élevées et à la sécheresse persistante. La récolte de raisins blancs et sains a commencé dès les dix premiers jours d'août. Dans le Salento, le débourrement et la croissance des vignes ont été favorisés par une météo favorable. L'absence de précipitations précoces a été favorable à la santé des plantes et les températures presque estivales de février, mars et avril ont accéléré la croissance. Les chutes de température en mai n'ont que légèrement ralenti le développement, la floraison et la croissance des grappes ont été régulières.

La Calabre a également enregistré une légère augmentation de la récolte. Comme le reste du sud de l'Italie, la région de la pointe de la botte a dû faire face à un fort manque d'eau. Après un hiver et un printemps doux, les températures élevées ont permis d'avancer le débourrement et, par conséquent, la maturation des raisins.

Pénurie d'eau dans les îles du Sud

La Sicile a enregistré une baisse de la récolte. Comme il n'est tombé que la moitié des pluies habituelles en hiver, l'île a démarré avec l'hypothèque de réserves d'eau faiblement remplies. Associée à des températures estivales élevées et précoces, la croissance des vignes s'est accélérée : En commençant par le débourrement, chaque phase était en avance d'environ deux semaines par rapport à la normale, la floraison a eu lieu fin avril et le changement de couleur était également prématuré. Les premiers raisins blancs destinés à la production de vin mousseux ont été vendangés dès le 18 juillet, le début de récolte le plus précoce de tous les temps en Italie. La qualité des raisins n'a pas été affectée par les maladies, mais le rendement a beaucoup souffert. L'Etna représente une lueur d'espoir, où les pluies de fin août et de début septembre, mais aussi les cendres volcaniques aux vertus fertilisantes et les vignes aux racines profondes ont créé de bonnes conditions, si bien que l'on s'attend à y récolter 60 pour cent de raisins de plus que l'année précédente.

En Sardaigne, le millésime 2024 a commencé par des hivers doux avec de faibles précipitations et des températures supérieures à la moyenne. Ces conditions se sont maintenues jusqu'en juin et ont entraîné des phases de croissance précoce des vignes. Les maladies fongiques, un problème l'année précédente, n'ont pas été présentes. Dans le sud, il y a eu d'importantes pertes de production, surtout dans les régions de Campidano di Cagliari et du Sulcis. Le vermentino, le moscato et d'autres cépages ont produit d'excellentes qualités, surtout dans des régions comme Alghero, Gallura et Sulcis. Dans les vignobles de Nuoro et d'Ogliastra, le climat finalement plus favorable a permis une bonne production, surtout pour le Cannonau, dont la quantité a diminué, mais dont la qualité est excellente."Merum

Les nouveaux vins du turbulent et intéressant millésime 2024 arrivent peu à peu dans notre entrepôt climatisé. Restez curieux, car cette rubrique ne cessera de se remplir au cours des semaines et des mois à venir.

Nous vous souhaitons beaucoup de plaisir à fouiller et à savourer !SUPERIORE.DE